Protocole et préséance lors de la 4 ème édition de Compact with Africa, Félix Tshisekedi snobé ?

Ce vendredi 27 août l’Allemagne a accueilli la 4 ème édition de Compact with Africa, une grande conférence économique qui vise à promouvoir les investisseurs en Afrique. Plusieurs délégations y étaient présentes dont le président de la République démocratique du Congo et président en exercice de l’Union Africaine Félix Tshisekedi.

Ce sommet qui a réuni la chancelière allemande avec 6 chefs d’État africain s’est clôturé par la traditionnelle photo de famille. C’est là l’épicentre des critiques. Nous nous sommes aussi intéressé aux dessous de cette photo « problématique ».

Les faits…

Comme pour chaque sommet international, les dirigeants passent sous l’œil des photographes pour la traditionnelle photo de famille officielle. Affichant quelques sourires, ils se sont réunis autour de la chancelière allemande Angela Merkel pour faire face aux photographes.

Le placement sur le deuxième rang du président Tshisekedi provoque des remous dans la communauté congolaise qui estime que le chef ne pèse pas dans communauté internationale. Certains pensent même que Paul Kagame aurait usurpé la place réservée au congolais lors de cette pose.

Vrai ? Tshisekedi sous-estimé ?

Non. Aucun président n’est sous-estimé sur cette photo. Il est à noter que le protocole mais aussi diplomatie régissent l’attribution des places. Car dans ces prérogatives le protocole tient un rôle important dans l’harmonie et atténuation des rapports de force dans les relations internationales. D’où il veille au respect de la hiérarchie des fonctions et les privilèges qui reviennent à chacun. Aucun instant ne résulte d’un concours de circonstances.

En sociologie politique étrangère, Il est dit que le protocole diplomatique est constitué de normes, de règles et d’usages qui régissent non seulement le déroulement des visites d’Etat et des conférences, mais également l’ordre de préséance, le code vestimentaire, le plan de table, etc. « La finalité de ces modalités est d’éviter tout différend et de créer un climat favorable lors de négociations politiques. Cela doit permettre de prévenir autant que possible tout incident diplomatique et les conflits militaires qui pourraient s’ensuivre ».

Quelles sont ces règles protocolaires de préséances de droit qui entrent en jeu ?

Ce cliché qui raffole les twittos bénéficie d’un grand soin protocolaire afin de prévenir tout sourire crispé. Car le diable est dans les détails !

La position arrière, juste à côté de Charles Michel, du chef de l’État congolais et président en exercice de l’Union Africaine devrait surprendre certains. À tort. En réalité, ce placement obéit à la plus stricte règle diplomatique. Lors de rendez-vous de cette nature, avec un nombre des participants restreints sur la photo officielle, le deuxième rang revient aux représentants d’instances internationales tandis que le premier rang c’est aux présidents qu’il revient.

Il est à noter que, les plus anciens dirigeants sont rangés au centre de la photo alors que les « récents » sont placés aux extrémités. Ce qui explique le positionnement du Rwandais Paul Kagame ( au pouvoir depuis 2000) et Alpha Condé (au pouvoir depuis 2010). Suivi respectivement de Macky Sall (au pouvoir depuis 2012) et le vieux Nana président du Ghana depuis 2017. Et pourquoi Angela Merkel se tient au milieu ? Hôte de sommet, la chancelière allemande se tient à ce titre au centre du premier rang comme le prévoit le protocole.

Cette disposition est appelée « la règle de droite ». Elle répond principalement à la mise en place par rapport à la personne ou personnage central appelé l’amphitryon. Cette règle consiste a placer les autorités ou les personnes conviées à une cérémonie selon leur ancienneté, grade, rang et notoriété à partir de la droite de
l’autorité qui préside la cérémonie en prenant soin de placer la première personne à sa droite et la personne suivante à sa gauche de façon alternée.

Il faut aussi tenir compte du fait que seuls 12 pays africains dont 4 sont représentés par leurs chefs d’État sur la première rangée ont déjà adhéré à cette initiative. Il s’agit de : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Égypte, Éthiopie, Ghana, Guinée, Maroc, Rwanda, Sénégal, Togo et Tunisie. Cela joue aussi sur le protocole.

Une des réactions Twitter

?Tshikamba Nawej Claudel? (@LePhoenix84) a tweeté : Je viens de voir la même photo publiée par les sud-africains. Curieusement, ils ne sont pas choqués par la position qu’occupe leur président sur la photo… Pourquoi ce petit détail gêne tant chez nous ? https://t.co/ifVrPWhc8W

Je viens de voir la même photo publiée par les sud-africains. Curieusement, ils ne sont pas choqués par la position qu'occupe leur président sur la photo…

Pourquoi ce petit détail gêne tant chez nous ? pic.twitter.com/ifVrPWhc8W

— ?Tshikamba Nawej Claudel? (@LePhoenix84) August 28, 2021

Tshisekedi et Ramaphosa ?

Il est à noter que la notion de préséance il est souvent différent en fonction du contexte interne d’un pays ou d’une organisation. D’où, « la position d’une personne ou d’un élément dans l’ordre de préséance n’est pas forcément une indication sur son importance réelle, mais résulte plutôt d’une pertinence cérémoniale ou historique« , déclare le Prof.Dr Robert Kikidi Mboso Kama.

Cependant Tshisekedi et Ramaphosa siégeaient à ce sommet en leurs qualités de président et vice président de l’Union Africaine. C’est donc normal qu’ils occupent le second rang. Ce qui ne réduit nullement leur haute personnalité. Vous pouvez constater qu’à leur côté il y a d’autres dirigeants des organisations internationales. Dont Ursula von der Leyen la Présidente de la Commission européenne

C’est vrai qu’une telle photographie de famille demande une organisation et une diplomatie hors pair raison pour laquelle aucune place n’est laissée au hasard pour le rang et la position de chaque chef d’Etat.