Opération « Une bière, un livre » avec l’écrivain congolais Bukondo wa Hangi

Article : Opération « Une bière, un livre » avec l’écrivain congolais Bukondo wa Hangi
Crédit: Bukondo Wa Hangi
5 janvier 2024

Opération « Une bière, un livre » avec l’écrivain congolais Bukondo wa Hangi

Imaginez une soirée karaoké où les livres sont les vedettes inattendues ! Nous avons eu la chance de discuter avec l’écrivain Bukondo wa Hangi, un pionnier qui a décidé que les bibliothèques étaient trop ennuyeuses et que la place des livres était aussi dans les bistrots !

Bukondo wa Hangi accepte de partager avec nous ses rêves. Dans son monde, les livres ne sont pas destinés à rester sagement alignés sur les étagères des bibliothèques. Non, ils méritent d’être au centre de l’action, y compris dans l’atmosphère détendue d’un bistrot.

Son éclair de génie est survenu lorsqu’il a réalisé que les livres avaient besoin de sortir de leur zone de confort (bibliothèques et librairies) et devenir les rockstars des bistros. Cela permet aux livres d’atteindre un public différent. « Pourquoi ne pas démystifier le livre en l’exposant là où les gens se retrouvent, loin des bibliothèques et salons littéraires?« , explique-t-il. Et c’est parti de l’observation de la distance qui sépare le livre de la majorité des congolais.

Mais l’événement du livre au bistrot n’a pas été sans défis. Bukondo se souvient de l’art d’attirer l’attention, donc de faire des signes et de crier pour attirer les curieux vers son stand, soigneusement positionné à l’entrée d’un grand bistrot de la place, lors d’une soirée concert. C’était comme essayer d’attirer l’attention d’un chat avec un laser ! Pourtant, une fois que le public était là, quelque chose magique se produisait. « Des personnes, qui n’avaient jamais montré d’intérêt pour un livre, s’approchaient, touchaient les reliures et jetaient un coup d’œil« , comme si elles découvraient un trésor caché.

Lors d’une de ces soirées, une bagarre enflammée a éclaté (malheureusement sous l’emprise de l’alcool). « Un participant m’a appelé le lendemain, expliquant que les livres qu’il avait achetés avec enthousiasme, avaient été dérobés pendant la mêlée ! Cela soulève la question : nos livres sont-ils devenus des objets de convoitise? Une chose est sûre, heureusement, l’homme qui s’était fait volé ses livres a pu en commander d’autres le surlendemain. »

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Lorsque l’on demande à Bukondo comment il mesure le succès de cette initiative audacieuse, il répond avec un sourire et raconte que lorsque l’artiste du jour l’a présenté sur le podium, le public s’est soudainement intéressé à ce qu’il était venu présenter : des livres. « Ils ont demandé le prix et les points de vente comme si c’était le début d’une vente aux enchères littéraire. Certains ont acheté sur place, d’autres nous ont laissé leurs numéros en promettant de revenir. C’était comme si les livres étaient devenus les stars d’un spectacle. »

Quant à son livre « Traité de la Civilisation des Bahunde« , que l’on pourrait qualifier « d’appât des bibliophobes », Bukondo le décrit comme une grande exploration en 15 chapitres. Ce livre traite d’histoire, de spiritualité, il évoque aussi la mythologie, les contes, la culture et l’art du peuple autochtone “Hunde” des territoires de Masisi, Nyiragongo, Rutshuru, ainsi qu’une partie de Walikale et Kalehe. Il insiste sur l’importance de partager cette richesse culturelle avec un large public, soulignant que parler des Bahunde, c’est aussi parler de l’ensemble des peuples du Kivu.

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© Bukondo Wa Hangi

En ce qui concerne l’engagement des écrivains, Bukondo propose de sortir le livre de son environnement habituel. « Les bibliothèques et les salons littéraires sont bien, mais actuellement, c’est au livre d’aller vers le public. Exposons-le lors de matchs de football, de soirées karaoké, ou partout où les gens se rassemblent. La lecture doit être un loisir, accessible à tous. »

Ainsi, les projets futurs de Bukondo incluent d’autres expositions dans des endroits non conventionnels tels que les terrains de football, les bistrots, les concerts de musique, et même les karaokés.

Il conclut en lançant un défi aux sceptiques : « Prouvons ensemble que les Congolais lisent, et rappelons-nous que la lecture n’est pas une punition. Elle peut se savourer comme une série télévisée, à votre rythme, sans contrainte de temps. La lecture, c’est toute une vie, pas juste un instant.« 

Présentation du livre « Traité de la civilisation des Bah un de » dans un bistrot © Bukondo Wa Hangi
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Commentaires

Victor MUZIGE
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Un engagement résolu ne tarit pas d'inspiration !
Merci de nous le démontrer une fois de plus cher Bukondo et d'être à l'œuvre avec engouement. C'est l'unique façon de mériter la parole aujourd'hui ; être en action dans le domaine choisi pour rapporter un discours réel sur ses succès, contraintes, défis, ambitions, rêves, limites...