RD Congo, 60 ans d’indépendance vus par un ingénieur BTP

Bon nombre de diplômés du secondaire (baccalauréat) se lancent dans les études supérieures pour embrasser la carrière d’ingénieur en bâtiments et travaux publics (BTP). Et à ce jour, un d’entre eux, passionné de son métier, s’est exprimé sur les couacs des 60 ans d’indépendance dans son environnement.
Donbeni Diowo, futur Ingénieur, termine bientôt son cycle de licence à l’institut national des bâtiments et des travaux publics. Néanmoins, sa vision général sur l’évolution du BTP en RDC est sombre. La formation douteuse, l’octroi des marchés ne suivant pas la réglementation légale ainsi que la corruption règnent en maîtres selon lui.
Sur la formation d’un ingénieur BTP
Les efforts consentis par l’Etat congolais pour maintenir les établissements d’ingénierie en BTP sont à louer. En dépit des diverses fermetures observées lors de la deuxième république contre ce domaine, aujourd’hui les ingénieurs s’observent en légion. Par ailleurs, le constat malheureux que relève l’Ir Diowo c’est « le faible engagement à la bonne formation ». Ceci s’observe depuis la nuit des temps qu’existe cette option en RDC.
Le manque des laboratoires modernes paralyse l’enseignement. Les dernières machines qui existent, datent si pas des années Zaïre, des colons Belges. « Même les entreprises publiques où nous sommes appelés à collaborer pour différents séances de labo, ne possèdent presque pas les différents appareils et machines concernés », renchérit t-il. La vestucité des outils est donc un fait indéboulonable jusqu’alors.
Sur la vie professionnelle d’un ingénieur BTP
Le problème à mettre en évidence serait celui lié à la mise en place de l’ordre national des ingénieurs BTP. « C’est fort regrettable [de constater que, ndlr] à 60 ans, depuis l’indépendance, que notre pays manque un ordre de cet ampleur qui devrait déterminer et faire le suivi de l’assurance qualité des nos services en vu de protéger le public pour qui nous œuvrons ».
Un constat qui donne certainement des migraines chez tous. Même nous qui sommes profanes à ce domaine, pouvons lire le désordre qui y règne. C’est notoire. Le Congo pays « béni » et/ou peut-être « maudit » avec des ingénieurs improvisés qui mettent ainsi des vies humaines en danger.
Par exemple, à Kinshasa, plusieurs bâtiments s’écroulent chaque année, causant beaucoup de dégâts. De fois on se demande seulement si nous sommes encore à l’époque « israélite », où les murs pouvaient tomber par simple son de trompettes. Dans le contexte actuel, « il s’agit ni plus ni moins la conséquence logique de l’usurpation des métiers d’Ingénieurs », confie Diowo.
Complexe dans l’octroi des marchés aux ingénieurs congolais
Cet imbroglio autour de l’ordre des ingénieurs, donne naissance à un désordre bien organisé sur l’octroi des marchés publics. A 60 ans d’indépendance, le Congo a un problème de confiance envers ses fils. « la majorité de projets de construction et reconstruction de notre pays sont dotés aux entreprises étrangères sous différents prétextes comme: » nos entreprises manquent des engins pour ces genres de travaux » ou encore » les congolais ne sont pas sérieux ».
Ce pays à l’âge de la sagesse est donc « condamné à être toujours sous-traitant pour ces entreprises étrangères ? Comment aurons-nous avec le temps aussi ces engins si nous sommes toujours mis en arrière ? », s’interroge sèchement ce future diplômé ingénieur.

Il sied de préciser que, la qualité du service n’est pas fonction de la couleur de la peau, mais plutôt du respect des normes de construction et celles liées à l’usage de l’ouvrage. Ces derniers sont fonction des moyens mis en disposition des réalisateurs. A ce 60 ans d’existence en tant que nation, la RDC doit banir ce complexe d’infériorité vis-à-vis des ses ingénieurs et des entreprises locales. Il faut plutôt les outiller avant de juger.
Il est temps de réinventer notre pays
Le grand Congo se montre audacieux dans les différents projets de construction. Le barrage d’inga III, le pont route-rail Kinshasa-Brazzaville, le port en eau profonde de banana,… Nous saluons cet état d’esprit de rêver grand. Néanmoins, la génération montante a besoin d’une assurance, » le sérieux et la confiance ». Ce rêve de battir « un Congo plus beau qu’avant » aura un sens si les fils et filles sont mis à profit.
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