«Patrice Lumumba, le Sankuru et l’Afrique» : Cécile Manya fait revivre le héros dans un ouvrage archi-documenté

Article : «Patrice Lumumba, le Sankuru et l’Afrique» : Cécile Manya fait revivre le héros dans un ouvrage archi-documenté
Crédit: Wikipedia
9 août 2021

«Patrice Lumumba, le Sankuru et l’Afrique» : Cécile Manya fait revivre le héros dans un ouvrage archi-documenté

couverture du livre © https://www.cecile-manya.com/

Autrice d’un récit parsemé d’analepses et des confidences inédites, Cécile Manya ressuscite Lumumba 60 ans après sa mort. Le livre Patrice Lumumba, le Sankuru et l’Afrique rejoindra officiellement les librairies et les bibliothèques d’ici-là. Au moyen de cet ouvrage, cette plume défend la possibilité d’une Afrique encore plus libérale, qui se calque sur ses héros et sa propre histoire. Son arme ? Un héritage familial d’un père, André Manya, docteur en sciences politiques, doublé d’une parfaite connaissance de l’histoire du héros de l’indépendance congolaise, qui rédigea pour la première fois ce livre en 1985. 

Elle manie avec brio et aisance la plume d’une écrivaine engagée, et n’en est pas à sa première rédaction. Elle a déjà publié sept livres à son actif. Cécile Manya impose de plus en plus sa plume et demeure plus que jamais fidèle à son univers. Elle est tout aussi exigeante avec son écriture qui se veut le fer de lance et le héraut des avancées sociales dans son Afrique natale. Elle s’impose aussi dans la diaspora africaine par l’amplification de ses problématiques aux résonances universelles. Elle nous livre les détails de l’ouvrage Patrice Lumumba, le Sankuru et l’Afrique. Je vous assure, le plaisir de la lire est au rendez-vous.

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Cécile Manya et son père André Manya ©
Cécile Manya et son père André Manya © Cécile Manya

Ben Lovua : Cécile Manya, vous êtes l’autrice de plusieurs ouvrages dont Patrice Lumumba, le Sankuru et l’Afrique. Les internautes et vos lecteurs ne vous connaissent pas forcément, pouvez-vous nous parler de vous ?

Cécile Manya : Je m’appelle Cécile Manya. Je suis née le 10 janvier 1977 en République Démocratique du Congo. À l’âge de 11 ans, j’ai appris la dactylo en une semaine et en auto-didacte afin de pouvoir aider mon père dans ses travaux en étant sa secrétaire.

Aujourd’hui, cet homme admirable utilise ma main pour exprimer des choses exceptionnelles depuis le lieu où il se trouve…

B.L: Mais avant de rentrer dans les détails de votre livre, pouvez-vous partager avec nous ce qui vous a amené à (ré)écrire ce récit ? 

C.M.: Patrice Lumumba, le Sankuru et l’Afrique est un ouvrage de référence que mon père a écrit en 1985. Il est le fruit de ses travaux de chercheur sur la question de la vie et de la pensée politique de Patrice Lumumba. En tant que sa secrétaire personnelle, j’ai repris le texte de A à Z, l’ai dactylographié, mot après mot. J’ai également apporté les modifications qu’exigeaient sa pensée actuelle, cette pensée qui a maintenant les tenants et les aboutissants de tout.

Avant d’écrire Patrice Lumumba, le Sankuru et l’Afrique dans sa version 2021, mon père a sorti sept ouvrages par mon canal. Ces livres expriment le processus de remise en contact de mon père vers sa très chère fille, que je suis. Ces ouvrages sont donc très importants et expriment des vérités essentielles que peu d’êtres peuvent connaître.

Depuis le lieu où il se trouve, mon père a une connaissance illimitée et parfaite. Je suis le canal par lequel il s’exprime, la main qui dépose ses écrits sur un support pour les faire connaître au plus grand nombre.

Patrice Lumumba, le Sankuru et l’Afrique dans sa version 2021 est pour ainsi dire “la huitième étape” du parcours de mon père et moi dans le schéma suivant : lui depuis l’au-delà et moi sur la terre ferme, physiquement connectée au monde entier par les différents médias, Internet, et les nouveaux moyens de diffusion de l’information.

B.L.: Dans quel registre le placez-vous ? Politique ? Historique ? Et pourquoi ?

C.M.: Dans tous ces registres à la fois et dans bien d’autres encore. La qualité de cette œuvre ne peut pas être limitée ni réduite à un genre.

B.L.: Dans cet ouvrage vous avez parlé de Patrice Emery Lumumba. Avez-vous voulu faire passer un message, réveiller les consciences, ou simplement raconter une histoire comme une autre ?

C.M.: Vous émettez plusieurs interrogations en même temps, c’est très intéressant, mais il y a tellement à dire sur le sujet qu’il faut prendre le temps de bien préciser les questions. Comme toute œuvre pleine et riche, Patrice Lumumba, le Sankuru et l’Afrique porte un message à bien des niveaux. Je vous parlerai ici de l’un d’entre eux.

Il entend dire à tous les Africains qu’ils doivent réveiller leur potentiel par la connaissance et l’instruction juste, qui les élèvera à leurs propres yeux, préambule nécessaire à toute action de grande envergure. Et l’Afrique a besoin de ces héros qui ont une pensée juste. C’est le moteur qui nous propulse en avant.

Les actes des fainéants, des traîtres et des soumis ont pour origine une pensée exempte de toute estime personnelle. Les forts avancent avec une force qui est d’abord intérieure avant qu’elle ne s’exprime à la face du monde. Les actions d’une personne dans la durée révèlent le type de pensées qu’elle entretient.

B.L.: Qu’est-ce qui vous a redonné le goût d’écrire, de retoucher l’ouvrage d’ André Manya ? Un trop-plein de mots… ?

Couverture du livre "Patrice Lumumba, le Sankuru et l'Afrique" publié par André Manya en 1985
Couverture du livre « Patrice Lumumba, le Sankuru et l’Afrique » publié par André Manya en 1985 © Cécile Manya

C.M.: Je suis la secrétaire de mon père. En 2015 il m’a fait vivre une expérience absolument exceptionnelle. Je vais vous la raconter.

Mon père et moi étions séparés depuis l’année 1997. Depuis cette date, je ne l’ai plus jamais revu physiquement. En nous séparant, une proche parente manipulatrice a réussi à éteindre l’interaction ultra productive qui existait entre mon père et moi. Quelques années plus tard, il est décédé en Afrique. Moi, de mon côté, je suis arrivée à un état de soumission vis-à-vis de cette personne infâme du fait qu’elle avait mes enfants.

En 2015, un an après sa dite “mort” physique, mon père s’est manifesté à moi, tentant de me faire comprendre bien des choses sur mon potentiel, mon futur et ma nature exceptionnelle. Cette expérience, qui a duré des mois, m’a totalement chamboulée. 

En 2017, après bien des péripéties, j’ai décidé de la fixer sur un support. Et c’est devenu un livre, le tout premier de mes travaux, son titre est “Pas avant 24 ans”. D’autres livres ont suivi. L’ouvrage, comme vous dites “de André Manya” est, relisez plus haut, la “huitième étape” de la relation père-fille depuis que ce père admirable a “quitté” la terre des “vivants”.

Vous comprendrez, en lisant mes livres pourquoi ces guillemets sont si importants.

Il n’y a pas à “pardonner” aux colons ni aux néo-colonialistes, nous devons leur rendre la monnaie

de leur pièce !

Cécile Manya

B.L.: A vous lire on sent que vous avez un rapport très ambivalent à la religion. Pensez-vous qu’il faut absolument s’éloigner des croyances religieuses pour développer le Congo, l’Afrique ? 

C.M.: Il n’y a aucune ambivalence entre la religion et moi. Mon message est très clair : la religion tue. Elle a opéré un véritable lavage de cerveau au sein de la population congolaise qui ne jure plus que par “Dieu” : les congolais se combattent entre eux, s’insultent, et ont plus foi en l’exterminateur, leur ancien bourreau, qu’en leurs propres capacités. C’est un véritable désastre, et il faut en prendre conscience.

Il n’y a pas à “pardonner” aux colons ni aux néo-colonialistes, nous devons leur rendre la monnaie de leur pièce !

Il n’y a pas à “être humble” soumis comme des esclaves en attendant que “Dieu agisse”. Nous devons prendre nos responsabilités et poser des actes pour libérer le Congo de la saleté occidentale sous toutes ses formes, c’est une véritable lèpre qui tue la confiance en soi des Africains afin de mieux les piller et les contrôler en les soumettant par la pensée ! La religion est cette saleté que le blanc a laissé derrière lui comme, excusez-moi le terme, un excrément de la plus haute puanteur.

On peut très bien être connecté à des vérités sans se laisser soumettre, cela s’appelle la spiritualité.

B.L.: Quand avez-vous commencé à travailler sur ce livre ?  

C.M.: Le projet était latent, car la relation à mon père a toujours fait partie de moi. Ce projet a mûri cette année, suite à des circonstances que je tairai ici. Ayant une excellente visibilité sur internet, dans le monde entier, avec mes livres, je voulais offrir la même visibilité à mon père. D’autres raisons se sont ajoutées à ce désir ardent. Sachez simplement ceci : mon père a mis son cœur et une bonne partie de sa vie dans ce livre, il était donc nécessaire que cette œuvre soit traitée avec le plus grand des respects.

B.L.: Comment avez-vous choisi le titre ? Pourquoi mettre Lumumba entre le Sankuru et l’Afrique alors que tout pouvait se résumer à l’africanisme du personnage ?

C.M.: Je suis restée fidèle au travail de mon père qui est le spécialiste de la vie et de la pensée politique de Patrice Lumumba. Ma démarche était de mettre en avant son travail. Les modifications amplifient la qualité déjà élevée de l’oeuvre. Je n’ai rien touché à l’esprit de l’ouvrage qui est, et je le rappelle, le résultat des choix éclairés du spécialiste de la question.

B.L.: Dans tout ouvrage, il y a le sujet apparent et le sujet profond. Si ce livre devait faire passer un seul message, quel serait-il ?

C.M.: Relisez ma réponse plus haut. Ce livre est l’œuvre d’un spécialiste. C’est une étude poussée traitant de sujets profonds, minutieusement, avec la rigueur d’un scientifique.

B.L.: George Woodcock estime que « l’écrivain a le devoir d’agir socialement et de préserver jalousement sa liberté de penser et de dire sa vérité ». Vous vous identifiez comme suisse d’origine congolaise. Vous défendez la cause panafricaine et  vous connaissez un peu plus sur Lumumba, un nationaliste congolais. Comment avez-vous reçu la question sur la congolité ? Si vous vous mettez dans la peau de Patrice Lumumba, pensez-vous qu’il aurait été d’accord avec ce projet de loi déposé à l’assemblée nationale (RDC) ?

C.M.: Monsieur, je soutiens toute initiative de mon peuple visant à défendre sa terre de l’invasion blanche directe ou indirecte ( néo-colonialisme ou influence occidentale depuis l’extérieur… ), car le problème central est bien celui-là. Le pas décisif sera de traiter avec un héroïsme nationaliste la question de la religion.

B.L.: Vos projets littéraires ?

C.M.: En effet, je vous rappelle que je suis l’auteure de huit livres écrits en deux ans. Donc, pour une seule question j’ai déjà énormément de choses à dire.

Je suis la secrétaire de mon père et défend une ligne qui est l’enseignement, un enseignement de haut niveau. J’amène de grandes révélations. Mon père décidera ce qu’il faudra ajouter à l’étendue de mon travail, qui est déjà foisonnant.

B.L.: Et que direz-vous à vos lecteurs congolais et du monde ?

C.M.: J’invite mes lecteurs congolais et tous mes lecteurs du monde entier à investir dans la connaissance et le progrès pour eux-mêmes : acquérir tous mes ouvrages c’est investir dans un projet de réhabilitation de toute sa personne et encourager la littérature qui promeut la grandeur de l’Afrique et œuvre activement pour son relèvement.

B.L.: On vous sait une valeur montante dans le panorama littéraire moderne. Quel regard jetez-vous sur l’industrie du livre en Afrique et particulièrement en RDC votre pays d’origine ? Et quel conseil donneriez-vous à un.e jeune écrivain.e qui vous a lu ?

C.M.: Je vais être pragmatique : il faudrait jeter tous les livres religieux représentants un dieu blanc, un jésus blanc et une marie blanche. C’est de la désinformation teintée d’un racisme pervers et pernicieux. Il faut commencer par le commencement. Une fois que cela sera fait, on pourra passer à la prochaine étape…

B.L.: Enfin, où peut-on se procurer votre livre ?

C.M.: Absolument partout et dans tous les pays du monde ! Il suffit de taper “Cécile Manya” sur Google ou tout autre moteur de votre choix et vous pourrez contempler la portée de mon travail. Étant une écrivaine très prolifique et travailleuse, je gère également ma propre boutique en ligne exclusive qui offre aux lecteurs chanceux un service haut de gamme pour l’achat de mes livres. Dans ma boutique, les lecteurs bénéficient des privilèges suivants : le traitement rapide de leur commande, une livraison rapide, un courriel d’auteure envoyé directement par ma personne, l’assurance d’une disponibilité 7 jours sur 7 pour les commandes et leur traitement.

B.L.: Nous sommes arrivés au terme de cette entrevue, Merci Cécile d’avoir partagé avec sincérité votre expérience d’auteur et par la même occasion d’avoir permis à nos lecteurs de découvrir votre œuvre littéraire, en espérant qu’elle soit prolifique, nous vous souhaitons d’autres conquêtes littéraires !

C.M.: Merci Ben pour vos questions qui m’ont permis d’aborder des sujets nouveaux de mon travail et de ma personnalité d’auteure. Que votre route soit toujours plus riche et inspirante !

Voilà pour mon entretien avec Cécile Manya, que je ne remercierais jamais assez, si vous le souhaitez, vous pouvez suivre l’auteur sur facebook ou visiter son site https://www.cecile-manya.com/

Propos recueillis par Ben Lovua 

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Commentaires

Ir DIOWO DONBENI clever
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" Investir sur sa personne" est l'aspect que je trouve d'abord intéressant pour ce livre. Espérant d'apprécier d'autres aspects de ce livre après lecture (au moment opportun), FÉLICITATIONS madame.

JB Kas
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Wouaouh très intéressant

JB Kas
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On attend impatiemment la sortie du livre

Michel masin
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On peut bien pratiquer sa religion et servir sa nation.

Mattias
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Madame Manya dénonce par ailleurs le fait que l'Africain gâche sa vie en attendant un Messie venu de l'extérieur. Or, elle est récemment tombée dans ce même piège en désignant Vladimir Poutine comme Sauveur de l'Afrique, lui consacrant même une chaîne YouTube pour faire passer son message.