RD Congo, 60 ans d'[in]dépendance !

Article : RD Congo, 60 ans d'[in]dépendance !
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26 juin 2020

RD Congo, 60 ans d'[in]dépendance !

Tour de l’échangeur de Limete à Kinshasa, statue de Patrice Lumumba, © Moyogo • CC BY-SA 3.0, Wikimedia

Le Congo est désormais vieux de 60 ans (on doit lui prêter une canne ?) ! Hélas, le 30 juin 1960, qui a vu partir la Belgique, est une date d’indépendance uniquement sur le papier. La réalité est autre. Les colons ne sont pas partis en biberine et les six dernières décennies ont vu la colonisation prendre une nouvelle forme.

Soixante ans après, tout le monde invite la RD Congo à se réinventer pour mériter cette indépendance tant prônée. C’est une question de dignité « Kongolaise ». Dans ce billet, il ne s’agit pas de faire croire que les hommes politiques congolais n’ont rien fait, en réalité, je pense qu’ils ont fait plus de mal que de bien. Ils ont fait passer leurs intérêts et ceux de leurs maîtres comme étant « l’intérêt général » et, forcément, cela a fait régresser la nation.

C’est donc avec raison que le « in » de « indépendance » est entre crochets dans le titre de mon billet. Car le pays a encore beaucoup de chemin à faire. Cela fait 60 ans que la RDC, qui a l’âge de la retraite (dans la fonction publique), croupit dans la dépendance extérieure. L’indépendance acquise au prix de beaucoup de sacrifices n’est donc vraie que sur le papier. À l’heure de la commémoration des 60 ans d’indépendance, quel bilan dresser aujourd’hui de ces six décennies ?

Entre théorie idéale et réalité décevante, la politique congolaise ne crée que des frustrations

Si 1960 représente l’année qui lance l’émancipation de la RD Congo, les réalités post colonisation sont négatives, l’indépendance n’était qu’une vision. Depuis 60 ans, la République Démocratique du Congo ne peut exister sans le soutien de la communauté internationale, que ce soit sur le plan politique ou économique.

Diplomatiquement, le pays et ses institutions ne valent presque rien. La RDC manque à outrance de culture politique et étatique. On sait par exemple que de multiples crises institutionnelles frappent de plein fouet le Congo, comment réagit la RDC ? Les politiques, pourtant « partisans du nationalisme et de la souveraineté », recourent à la Belgique, à la France, à l’Europe ou encore aux États-Unis et même à la Chine maintenant ! C’est exactement à l’image d’un enfant qui attend toujours que son père revienne avec un sachet le soir et qui ne pense pas à quitter cette période de la vie. Les dirigeants de la RDC réagissent comme de simples commis, continuant à attendre les ordres de leurs ténors, qui sont soit à l’Orient soit à l’Occident.

 » Les fruits de l’indépendance n’ont toujours pas tenu les promesses des fleurs »

Ben Y.T

Les dirigeants ne s’intéressent à la population que pour leur montrer des crocs venimeux. Lorsqu’il s’agit de la sécurité des personnes et de leurs biens, ils sont dépassés. Six décennies après, l’armée congolaise n’est qu’une « armée d’ébauche », décriée par tous… Bon je n’entrerai pas sur ce terrain politique glissant. Disons simplement que tout est à réinventer au Congo. La présence nonchalante de la Mission des Nations-Unies pour la stabilité du Congo (Monusco) depuis des années en est la preuve. Mais jusqu’à quand ce pays géant qu’est la RDC attendra-t-elle encore des autres ?

Soixante ans d’économie de la main tendue

L’ire communautaire réside dans son panier économique médiocre. Le franc congolais porte son supplice à côté des monnaies étrangères comme le Dollar, l’Euro, voire même le Kwanza Angolais. Ce qui est drôle, c’est que le taux de change du franc congolais diffère entre Kinshasa et les autres provinces, un pays en plein essai technique !

Il y a donc lieu de se poser des questions sur l’indépendance économique. Un expert Tunisien en géopolitique et économie monétaire avait définit l’indépendance économique par la réalisation de l’autosuffisance dans tous les domaines. Il avait renchérit en disant que « les relations économiques entre les pays doivent se faire d’égal à égal, dans le respect mutuel ». Utopie complète en RD Congo !

L’économie de la RDC est instable, elle poursuit une politique de rente pétrolière contrôlée par de grandes firmes occidentales. Ainsi, le Congo est un éternel client pour les institutions de Bretton Woods. Quand les dettes extérieures accroissent, le développement devient utopique vis-à-vis des bailleurs de fonds exigeants qui n’attendent rien que des intérêts. Kasa-vubu, Mobutu, Kabila père, Kabila fils et maintenant Tshisekedi, personne n’échappe au colon vêtu du costume du marionnettiste.

Il faut noter que, depuis les années soixante, la plupart des investissements publics sont financés par des emprunts extérieurs. La banque mondiale note d’ailleurs qu’en 2018, « 72 % de la population congolaise vit avec moins de 1,9 dollar par jour, surtout dans les régions du Nord-Ouest et des Kasaï ».??

Soixante ans sans vision

Place de la gare, Kinshasa

Non seulement la société congolaise subit la corruption, mais en plus elle assiste, impuissante, à l’abandon progressif des activités agricoles, tout cela pour pour se rabattre sur la pétro-dépendance ! C’est vraiment un coup dur pour les Congolais. Moins diversifiée depuis le départ des « oncles belges », notre économie est exposée aux aléas du marché international des matières premières. Il faudrait l’intervention de la poudre de perlimpinpin pour mettre fin à la perpétuation de la domination occidentale. Nous sommes aussi à la merci de nos dirigeants, pour la plupart plus riches que l’Etat, et qui font du peuple lambda leur souffre-douleur.

« Je vis avec la conviction que le Congo est encore à inventer. »

Godefroy Ka Mana

Nos ressources naturelles, qui sont notre première matière imposable, ne sont pas raffinées au pays. La RDC, qui cache la « gâchette de l’Afrique », se tourne du côté des pays arabes ou de la Chine (et peut-être demain de l’Inde), pour quémander du riz, au lieu d’en produire. Toute honte bue, hier Mobutu vantait les « Zaïrois » qui mangeaient 1000 poissons « Ndakala »(Fretins) dans une assiette. Aujourd’hui, même cet orgueil Mobutiste nous manque ! Qui se moque de qui ?

Dans « l’Afrique à l’épreuve des indépendances », l’écrivain Ben Yacine-Touré avait pleinement raison d’écrire que : « Les fruits de l’indépendance n’ont toujours pas tenu les promesses des fleurs. » Il ajoute que : « La domination étrangère a changé de visage et de nature, mais elle demeure ». Il suffit de regarder autour de nous pour s’en rendre compte. Bref, « le colon » est parti, vives « les colons » !

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