Kinshasa dans l’attente des surgelés : encore une promesse en demi-teinte ?

Article : Kinshasa dans l’attente des surgelés : encore une promesse en demi-teinte ?
Crédit: Luis Miguel Bugallo Sánchez / Wikimedia
12 décembre 2021

Kinshasa dans l’attente des surgelés : encore une promesse en demi-teinte ?

Les autorités congolaises ont décidé d’importer un lot de produits alimentaires dont les chinchards, des poissons connus sous le nom de « Thomson ou mpiodi » à Kinshasa. Pour des services proches du ministère de l’Economie, plus de mille tonnes de gelés et surgelés, commandées par le gouvernement sont arrivées à Matadi, dans le Kongo-Central.

Ces poissons venus des eaux namibiennes, se situent « dans le cadre du combat pour le juste prix », disait le ministre de l’Economie. Cela s’inscrit aussi dans la volonté du gouvernement d’aider les kinois à avoir l’assiette pleine pendant les festivités de fin d’année. Pour la population congolaise en général, c’est une bonne nouvelle. Mais à quand l’arrivée de ces surgelés à Kinshasa ?

Le départ du projet

Cette promesse n’est pas la première et sûrement pas la dernière. En juin dernier, les autorités ont d’abord décidé de réduire les prix de certains produits alimentaires, principalement les surgelés.

Selon cette décision prise tambour battant en Conseil des ministres, un carton de poissons chinchards, qui coûtait 42 dollars coûterait plutôt 17 dollars. Tandis qu’un carton de poulet de dix kilogrammes irait de 28 dollars américains à 10 dollars. Les cuisses de poulet se négocieraient à moins de 10 USD par carton de 10 kilos contre 21 USD. Cette nouvelle, pourtant bonne, n’est nullement suivie. Elle souffre d’application par les acteurs du secteur alimentaire.

Le gouvernement semble n’avoir pas trouvé la bonne formule. On enregistre depuis la hausse des prix de produits surgelés sur le marché de Kinshasa. Le prix du carton de chinchards 18+, l’un des aliments les plus consommé dans la ville, se négocie à prêt de 60 USD, voire plus. Dans plusieurs chambres froides, les vendeurs n’affichent plus le prix des produits surgelés par crainte des représailles des autorités qui ne jurent que sur la baisse des prix.

Capture d'écran d'une publication du ministère de l'économie sur les produits surgelés
Capture d’écran d’une publication du ministère de l’économie https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=248007640762948&id=100066611412578

Voilà pourquoi le gouvernement à signé un accord à hauteur de 6 millions de dollars américains avec la Namibie. Cet accord autorise la pêche congolaise dans les eaux namibiennes.

Selon certains sons de cloches, le dédouanement pose problème. D’autres accusent le gouvernement de s’être précipité à importer sans bien se préparer, notamment avec les cars frigorifiques. Allégations que le ministère de l’économie nationale balaie d’un revers de main. Ce qui est évident, si la situation de ce bloquage inconnu persiste, la population finira par mourir de faim. Car, cette situation pèse sur le portefeuille des consommateurs ainsi que des fournisseurs. La population appelle le gouvernement au respect de la promesse tenue.

Fallait-il vraiment importer des poissons surgelés en RDC ?

C’est honteux d’en parler mais on n’a plus de choix. La République Démocratique du Congo importe chaque année 150 tonnes de poissons. Pourtant, le fleuve Congo et ses affluents ainsi que les lacs congolais constituent des réserves halieutiques inestimables. A côté de cela, le Congo dispose de 80 millions d’hectares de terre arable dont une grande partie inexploitée. Selon les chiffres livrés par l’Institut national des statistiques (INS), la RDC n’exploite que 10% de son potentiel de terres arables, soit 8 millions d’hectares.

Des agriculteurs s’en remettent, au contraire, à de petits lopins de terre familiaux et pratiquent généralement l’agriculture de subsistance qui ne permet pas d’augmenter la productivité ni de garantir une survie consistante.

l’Afrique prospère reste encore possible ?

Et pourtant, la RD Congo peut produire suffisamment pour nourrir 2 milliards de personnes de par l’abondance de ses terres agricoles fertiles et inégalée en Afrique, son climat tropical et ses autres atouts. Malheureusement, il n’y a aucune politique concrète sur la sécurité alimentaire, aux stratégies et politiques agricoles et rurales.

Connaissant cela, inonder le marché de produits surgelés est simplement un gâchis. Pour nous, le gouvernement devrait plutôt investir dans des produits locaux tout en soutenant l’agro-industrie congolaise qui est garnie des lois, dont le Plan National d’Investissement Agricole (PNIA 2013-2020), qui décorent les tiroirs.

Le manque d’accès aux financements pour les agriculteurs sera l’éternel problème. Aussi longtemps que le secteur agricole ne sera pas une priorité du programme gouvernemental, l’assiette du congolais n’aura que des miettes.

Nous espérons que les nouveaux dirigeants du pays pourront lever ce paradoxe qui plane sur les terres bénies du Congo.

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