FIFA : les « morts du Congo » et d’ailleurs, révoltés !
C’est par la sanction la plus lourde que la Fédération internationale de football association (FIFA) entre en jeu dans le conflit opposant la Russie à l’Ukraine. L’instance dirigeante du sport mondial a suspendu les équipes russes des compétitions mondiales « jusqu’à nouvel ordre ». Cette décision touche également les clubs russes engagés dans des compétitions européennes.
Si beaucoup, sinon nous tous, souhaitons que les choses redeviennent normal en Ukraine et que les armes cessent, cette décision de la FIFA interroge sur la gestion politique de cette instance sportive.
l’Ukraine, seule victime de l’invasion ?
Sans passer par le dos de la cuillère nous disons non. La Syrie, la Palestine, le Mali ainsi que l’est du Congo sont en proie aux conflits armés depuis plusieurs années maintenant. Et les envahisseurs sont connus de tous. Mais silence radio du coté des instances sportives.
Sur près de 600 pages, version quasi-définitive, le rapport décrit les « violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre mars 1993 et juin 2003 en RDC », écrit le journal le Monde.
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Le 23 décembre 2020, le conseil de sécurité a publié un rapport établit par le groupe d’experts des Nations Unies, chargé de veiller au respect de l’embargo sur les armes. Il est établi également dans ce rapport que l’armée rwandaise a bien mené des opérations dans l’est de la RDC en 2020.
Dans toutes les bouches, même en murmurant, le Rwanda serait l’envahisseur étranger du Congo qui tue pille et viol. La FIFA et la CAF sont inconscientes de ces crimes pourtant décriés par le conseil de sécurité ? Les 5,4 millions de morts de l’est du Congo attendent…
Si pour le Mali ou la Syrie on parlera des groupes rebelles comme auteurs de l’invasion, les morts de la Palestine se demandent toujours du sort qu’on réserve à leurs envahisseurs.
Sur son compte Twitter, Abou Treika, l’ancien maître à jouer des Pharaons, l’équipe de football égyptienne, dénonce une justice à deux vitesses. Il prend notamment l’exemple de l’Israël qui ne subit aucune conséquence de son conflit avec la Palestine.
« La décision de suspendre les clubs et les équipes russes de toutes les compétitions doit être accompagnée d’une interdiction de ceux qui sont affiliés à Israël, qui tue des enfants et des femmes en Palestine depuis des années », écrit-il. Et il a tout dit.
@fifacom_ar قرار منع الاندية الروسية والمنتخبات من المشاركة فى كافة البطولات لازم يكون معه منع مشاركة الاندية والمنتخبات التابعة للكيان الصهيوني لانه محتل ويقتل الاطفال والنساء فى فلسطين منذ سنين ولكنكم تكيلوا بمكيالين..
— محمد أبوتريكة (@trikaofficial) February 28, 2022
La FIFA est (a)politique
Malgré notre inquiétude sur la décision prise par les instances sportives contre la Russie, on pense que c’est mal réfléchi. Le sport et la politique sont deux choses distinctes qui ne doivent pas être mélangées.
On se souviendra de la réaction de Sergio Ramos face à Gérard piqué qui s’était prononcé favorable au référendum catalan en 2017. Pour l’ancien capitaine madrilène, mélanger politique et sport est toujours une erreur qui met en danger le bien commun sportif. Et c’est vrai.
Face au souhait de l’Allemagne d’illuminer le stade aux couleurs arc-en-ciel en signe de protestation contre la politique de la Hongrie envers les LGBTQI, jugée discriminatoire, l’instance européenne de football avait dit non. L’Union européenne des associations de football (UEFA) avait justifié son refus par la nature « politiquement et religieusement neutre » de son organisation et la volonté de ne pas cibler spécifiquement un pays ou un gouvernement.
C’est toujours le même discours partout. Les instances internationales du football ont toujours assuré que les questions extra-sportives ne peuvent pas s’inviter dans les stades. Raison pour laquelle d’ailleurs avant le début de l’Euro, l’Ukraine a dû effacer un slogan sur son maillot après une plainte de la Russie. « Après une analyse plus approfondie », ce slogan « Gloire à l’Ukraine, gloire aux héros » figurant « à l’intérieur du col » de la tunique ukrainienne est « clairement de nature politique » et « doit donc être retiré (…) en vue des matches de compétition de l’UEFA », a déclaré l’instance. A l’époque, la présidence ukrainienne avait d’ailleurs mis en garde l’UEFA contre des décisions prises sous « influence politique ». Mais la réalité aujourd’hui prouve que c’est du deux poids deux mesures et c’est regrettable.
Bref
Nous continuerons de sympathiser avec nos frères et sœurs ukrainiens. Nous dénonçons cette invasion russe, qui semble être un arbre cachant une forêt. Mais suspendre la Russie des compétitions sportives est une décision qui dérange l’unité dont apporte le sport dans la vie d’une communauté.
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