RD Congo : la Covid-19 perturbe les funérailles Kinoises

Article : RD Congo : la Covid-19 perturbe les funérailles Kinoises
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26 mai 2020

RD Congo : la Covid-19 perturbe les funérailles Kinoises

Cimetière nécropole de Kinshasa
Entrée de la nécropole de Kinshasa – crédit photo : ©Ben lovua

Pendant cette période de la pandémie de Covid-19, les funérailles Kinoises ont perdu leur âme. Habituée à des festins funéraires, la population de Kinshasa se voit contrainte à conduire directement les défunts de la morgue au cimetière.

Ces changements font suite aux mesures édictées par le chef de l’Etat en rapport avec la lutte contre la pandémie de coronavirus.

Il a donc été décidé que l’organisation des deuils dans les salles et les domiciles est interdite. Par conséquent, les dépouilles mortelles ne devraient plus arriver au toit familial, de telle sorte qu’après la levée de corps de la morgue, l’on passe directement au lieu prévu pour l’enterrement.

La distanciation sociale n’est toujours pas respectée aux funérailles

Enterrement à Kinshasa
Cortège funèbre – ©M.D

En effet, je me suis personnellement déplacé à la morgue de l’hôpital roi Baudouin pour palper ces changements qui s’imposent dans nos mœurs.

Cependant, le constat est écoeurant. Les mesures sanitaires souffrent malheureusement d’une négligence notoire. Bien qu’il soit interdit les rassemblements de plus de 20 personnes, pourtant tout le monde accourent à la morgue pour assister aux dernièrs hommages.

Ce lundi 25 mai, déjà vers 7h du matin, on peut apercevoir des proches anxieux de pouvoir enfin récupérer leurs morts. Il n’y avait plus d’espace pour les personnes endeuillées. Les membres des familles éplorées, les amis et connaissances, de noir vêtus, sont venus en pléiade. Bien que munis de masques, ils semblent peu soucieux d’observer la distanciation sociale, malgré les recommandations visant à enrayer la contagion. Voilà que la morgue n’a pas favorisé les mesures voulues. La solidarité africaine oblige, l’organisateur des obsèques est en difficulté de limiter le nombre de personnes pouvant accompagner la famille à la morgue.

En attendant la levée de notre dépouille mortelle, nous assistons aux vas-et-vient d’un agent de la morgue, dégageant une odeur pestilentielle à chaqu’une de ses apparitions. Ce dernier détient une liste des noms par ordre d’arrivée.

Dehors, l’impatience se propage. Certains attendent depuis des heures, pleurant encore et encore. les Corbillards et les véhicules loués pour l’occasion se tiennent en file devant l’hôpital.

Aux alentours de midi, s’était notre tour. On allait enfin quitter ce lieu qui degagait une odeur prégnante de la mort. Les vapeurs de formol flottent autour du cercueil que je transportais avec d’autres amis vers le corbillard. L’émotion est palpable. Tout le monde était sur les bras de tout le monde. A cet instant, l’impression d’un adieux aux mesures barrières était inévitable.

Une décision à pérenniser !

Comme déjà signalé, ce n’est pas dans la pratique Kinoise de conduire directement le corps au cimetière sans funérailles. Covid-19 oblige, on s’incline. Cependant, une frange importante des kinois appellent à la pérennisation de ces mesures. Car la gestion des obsèques telle qu’on le faisait à Kinshasa, recquiert une fortune.

Opinion d’un journaliste sur Facebook – capture d’écran

Dans le même sens, le présidium de la plateforme des confessions religieuses a rencontré le mardi 19 mai 2020 le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Objectif, faire le plaidoyer en faveur du maintien de la mesure contre l’organisation des funérailles.

Certaines langues proches des autorités confirment que cette décision va se pérenniser, même après la pandémie.

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